Pour les jeudis poésie des 4 et 11 octobre, laissez-moi réfléchir ? champ libre à celles et ceux qui n'aiment pas trop les contraintes et si vous souhaitez un ou des fils conducteurs, restons dans le domaine de la vision avec, la vue et la cécité, la lumière et l'obscurité.
Dans l'essaim nébuleux des constellations,
Ô toi qui naquis la première,
Ô nourrice des fleurs et des fruits, ô Lumière,
Blanche mère des visions,
Tu nous viens du soleil à travers les doux voiles
Des vapeurs flottantes dans l'air :
La vie alors s'anime et, sous ton frisson clair,
Sourit, ô fille des étoiles !
Salut ! car avant toi les choses n'étaient pas.
Salut ! douce ; salut ! puissante.
Salut ! de mes regards conductrice innocente
Et conseillère de mes pas.
Par toi sont les couleurs et les formes divines,
Par toi, tout ce que nous aimons.
Tu fais briller la neige à la cime des monts,
Tu charmes le bord des ravines.
Tu fais sous le ciel bleu fleurir les colibris
Dans les parfums et la rosée ;
Et la grâce décente avec toi s'est posée
Sur les choses que tu chéris.
Le matin est joyeux de tes bonnes caresses ;
Tu donnes aux nuits la douceur,
Aux bois l'ombre mouvante et la molle épaisseur
Que cherchent les jeunes tendresses.
Par toi la mer profonde a de vivantes fleurs
Et de blonds nageurs que tu dores.
Au ciel humide encore et pur, tes météores
Prêtent l'éclat des sept couleurs.
Lumière, c'est par toi que les femmes sont belles
Sous ton vêtement glorieux ;
Et tes chères clartés, en passant par leurs yeux,
Versent des délices nouvelles.
Leurs oreilles te font un trône oriental
Où tu brilles dans une gemme,
Et partout où tu luis, tu restes, toi que j'aime,
Vierge comme en ton jour natal.
Sois ma force, ô Lumière ! et puissent mes pensées,
Belles et simples comme toi,
Dans la grâce et la paix, dérouler sous ta foi
Leurs formes toujours cadencées !
Donne à mes yeux heureux de voir longtemps encor,
En une volupté sereine,
La Beauté se dressant marcher comme une reine
Sous ta chaste couronne d'or.
Et, lorsque dans son sein la Nature des choses
Formera mes destins futurs,
Reviens baigner, reviens nourrir de tes flots purs
Mes nouvelles métamorphoses.
Anatole France, recueil Les Poèmes Dorés, 1873
Anatole France, 1844 - 1924, écrivain français et critique littéraire sous la troisième république.
pied d'arc-en-ciel sur la plaine d'Evreux, 23 septembre 2018 |
On ne peut qu'aimer cet hommage à la lumière, la terre en fut privée un temps, dans la préhistoire, météorite ravageur, que de vies moururent… merci Jeanne, bises
RépondreSupprimerBeau comme la lumière dont on ne pourrait se passer. Je ne pourrais vous visiter pendant quelques jours. Je reçois une amie de blog. Belle fin de semaine.
RépondreSupprimerTu as choisi un magnifique poème d'Anatole France pour illustrer ce thème. Merci et bravo Jeanne.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi
Magnifique ode à la Lumière... merci pour le partage, Jeanne.
RépondreSupprimerBises et douce journée.
Une exaltation poétique galvanisante, on se laisse porter ! Merci beaucoup, Jeanne, bisous.
RépondreSupprimerUne très belle ode à la lumière je découvre ce poème d'Anatole France .
RépondreSupprimerBonne journée
Bisous
Magnifique choix, Jeanne ! J'♥ ! Bises♥
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