Il serait trop long de vous dérouler les associations de pensées qui m'ont conduit comme une évidence à ce poème de Louis Aragon, lundi matin en descendant l'escalier au réveil.
Ce poème a été écrit spécialement pour lancer "un appel à l'unité dans la Résistance, par delà les clivages politiques et religieux" et a été largement diffusé sous le manteau après une parution officielle dans une revue collaborationniste, la censure ayant été contournée par la métaphore.
« La Rose et le Réséda »
À Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves comme à Guy Môquet et Gilbert Dru*
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous deux adoraient la belle
Prisonnière des soldats
Lequel montait à l'échelle
Et lequel guettait en bas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Qu'importe comment s'appelle
Cette clarté sur leur pas
Que l'un fût de la chapelle
Et l'autre s'y dérobât
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Tous les deux étaient fidèles
Des lèvres du coeur des bras
Et tous les deux disaient qu'elle
Vive et qui vivra verra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au coeur du commun combat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Du haut de la citadelle
La sentinelle tira
Par deux fois et l'un chancelle
L'autre tombe qui mourra
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Ils sont en prison Lequel
A le plus triste grabat
Lequel plus que l'autre gèle
Lequel préfère les rats
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Un rebelle est un rebelle
Nos sanglots font un seul glas
Et quand vient l'aube cruelle
Passent de vie à trépas
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Répétant le nom de celle
Qu'aucun des deux ne trompa
Et leur sang rouge ruisselle
Même couleur même éclat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
Il coule il coule il se mêle
A la terre qu'il aima
Pour qu'à la saison nouvelle
Mûrisse un raisin muscat
Celui qui croyait au ciel
Celui qui n'y croyait pas
L'un court et l'autre a des ailes
De Bretagne ou du Jura
Et framboise ou mirabelle
Le grillon rechantera
Dites flûte ou violoncelle
Le double amour qui brûla
L'alouette et l'hirondelle
La rose et le réséda
Louis Aragon, mars 1943 (repris dans La Diane française, 1944)
*dédicace de 1944
Histoire de La Rose et le Réséda, - wikipedia
Louis Aragon, 1897 - 1982, poète, romancier et journaliste français
Etude de texte par Copiedouble
J'aime beaucoup ce poème que j'avais publié aussi sur mon blog. Beau jeudi.
RépondreSupprimerQuel magnifique poème Jeanne.
RépondreSupprimerJ'aime la version de Juliette Gréco.
https://www.youtube.com/watch?v=WGJmfe_L3yg
Bises et bon jeudi
Bonjour Jeanne,
RépondreSupprimerJ'avais 16 ou 17 ans, je m'essayais alors à la composition de chansons, et ce magnifique poème d'Aragon faisait partie de la liste des textes que j'avais mis en musique. Qui sait, un jour, je partagerai cela sur mon blog... ?
J'aime beaucoup ces mots qui nous disent que dans la Résistance, face à l'ennemi nazi, des gens de tous horizons, de toutes croyances et de tous bords politiques pouvaient se retrouver et s'unir. Merci pour le rappel de ce chef-d'œuvre !
Fabrice
C'est un poème que j'aime énormément... même chanté. :)
RépondreSupprimerMerci pour cette page, Jeanne.
Bisous et douce journée.
Merci pour ce choix Jeanne j'aime beaucoup ce poème d'Aragon .
RépondreSupprimerMalgré les différences, cette union existe bien quand la liberté est en danger .
Bonne soirée
Bisous
je ne connaissais pas ce poème qui est très fort ...
RépondreSupprimerMerci et bises
Superbe choix, Jeanne ! J'♥ beaucoup ! Bonne toute fin de ce jeudi ! Bises♥
RépondreSupprimerun poème que j'aime beaucoup aussi
RépondreSupprimerAh j'aime bcp, surtout en chanson ! magnifique !!!
RépondreSupprimerMerci Jeanne
Bonsoir,
RépondreSupprimerMerci pour ce partage, j'aime.
Bonne soirée !
C'est beau, c'est fort, c'est Aragon.
RépondreSupprimerMerci.
Bisous.
Domi.