"Le tango est une pensée triste qui se danse"
19 mars ! Souvenir joyeux d'un jour heureux où bien sûr on a dansé dès l'après-midi et jusqu'à tard dans la nuit. Comment manquer ce rendez-vous qui me donne l'occasion de contredire l'idée que les souvenirs ne sont pas forcément des pensées tristes ?
C'était sans compter sur la météo grippant les connexions qui me renvoie avec ce sujet à mes années 60 et à la chanson de Salvatore Adamo :
Tombe la neige
"Je ne viendrai pas ce soir
Et tombe la neige
Je pleure mon désespoir
D'accord, je ne suis pas certaine de l'exactitude de ces paroles, d'accord, cette musique n'est pas un tango. Mais elle me renvoie inexorablement à ces années où j'ai passionnément appris à aimer ces danses de bal, valse, tango, passo doble, java, cha cha cha, charleston, et les nouvelles, rock'n roll, twist, madison, sans oublier les exotiques bossa nova, rumba ... et le charme de la polka et de la mazurka, déjà désuètes.
Le petit bal, c'était plutôt aux "beaux jours". Et les beaux jours commençaient au printemps avec les fêtes des villages et l'inévitable parquet couvert. Je n'ai pas retrouvé le nom qu'on lui donnait.
Je laisse maintenant la place aux mots que m'avait inspirée une phrase entendue à la radio qui avait vous le comprendrez, sonné particulièrement à mes oreilles. Je m'étais précipitée ensuite à ma libraire préférée depuis que bien d'autres se sont fermées pour acheter le "roman" de Annie Ernaux.
Le petit bal de ...
C'était Pour la page 70 de l'herbier de poésies
Attrapées par distraction, la voix de Guillaume Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal", celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses auto-tamponneuses"
Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice.
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses bals du Trocadéro ou au Bullier, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années 1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...
Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Attrapées par distraction, la voix de Guillaume Gallienne dans le poste de radio dans "ça n'peut pas faire de mal", celle de Dominique Blanc lisant la première phrase de la dernière page du livre de Annie Ernaux Les années (à partir de la minute 43'00) :
"Le petit bal de Bazoches-sur-Hoesne avec ses auto-tamponneuses"
Grande plongée dans ces soirs de fête où j'allais à ce bal jeunette, petite dernière chaperonnée gentiment par mes aînées et mes aînés.
Après la retraite aux flambeaux et le feu d'artifice.
Avant les heures de la nuit, vers trois ou quatre heures, quand les danseurs cédaient la place aux bandes et aux risques de bagarres.
De trop rares occasions d'entendre maman raconter ses bals du Trocadéro ou au Bullier, les recommandations de Mémé Louise, mon étonnement de la grande liberté dont elle disposait au même âge que le mien dans les années 1925.
Son carnet de bal qui rendait concret mes lectures romanesques, longtemps précieusement archivé à l'abri de la jalousie de mon père supportant mal qu'elle ait eu une vie sentimentale avant lui. En tout bien tout honneur précisait-elle les yeux brillants.
Un carnet où elle notait la qualité de danseur de ses cavaliers, où un nom exotique revenait souvent. Il dansait si bien ...
Collision de deux mémoires, intrusion d'un grand livre d'écrivain dans le souvenir vrai de mon adolescence ...
Pour ...
"sauver le temps, le mien, celui des autres" (Annie Ernaux)
©Jeanne Fadosi, mercredi 15 mars 2017
pour le brin d'herbier 70
à voir sur L'Herbier de poésies
En références :
l'émission du 5 novembre 2016 sur France Inter, ça peut pas faire de mal (à partir du point 43'00 pour la citation)
Annie Ernaux Les années, dans Un jour un livre, j'ai cité de mémoire ses derniers mots dans l'entretien.(archive INA accessible à l'essai ou sur abonnement)
Pour finir oserai-je faire un clin d'oeil à Fanfan, grande amatrice de danses et de chants ?
Mais je ne vous en voudrai pas si vous préférez la version de Fernandel Clic ---> qui enchaîne sur Le petit bal perdu dans les duos impossibles avec Bourvil et Elsa. Clic --->
En références :
l'émission du 5 novembre 2016 sur France Inter, ça peut pas faire de mal (à partir du point 43'00 pour la citation)
Annie Ernaux Les années, dans Un jour un livre, j'ai cité de mémoire ses derniers mots dans l'entretien.(archive INA accessible à l'essai ou sur abonnement)
Pour finir oserai-je faire un clin d'oeil à Fanfan, grande amatrice de danses et de chants ?
le tango corse, version chorale Point d'orgue
Mais je ne vous en voudrai pas si vous préférez la version de Fernandel Clic ---> qui enchaîne sur Le petit bal perdu dans les duos impossibles avec Bourvil et Elsa. Clic --->
Ah je peux venir te commenter... et j'aime bcp ce mélange de souvenirs et de références culturelles... tout se remet en place ainsi et c'est beau et émouvant !
RépondreSupprimerMerci Jeanne en espérant que ton ordi retrouvera sa forme... Le mien, malgré son disque dur tout neuf, continue ses caprices... Faire patiemment avec !!!
Bises
Que des beaux souvenirs qui sauve effectivement le temps et les temps passés !!!
RépondreSupprimerJe me souviens de ces bals où j'allais avec des amis. J'adorais danser.. mais pas le tango où je perdais pied... merci pour ton texte louant un ecrivain. Bises
RépondreSupprimerQue c'est agréable de lire ces souvenirs, Jeanne ! Gentil ce clin d'oeil à Fanfan ! Bon mardi ! Bises♥
RépondreSupprimerComme J'aime Annie Ernaux et j'ai beaucoup aimé son livre les années qui a éveillé beaucoup de souvenirs en moi mais pas de danse. Je n'ai jamais aimé la musique et la danse. J'ai rencontré Annie Ernaux dans le Val d'Oise (nous sommes voisines) et ai échangé avec elle avec joie. Je n'oublierai pas. Bisous
RépondreSupprimerUne évocations de très beaux souvenirs pour ce défi 202 des Croqueurs de mots. Merci Jeanne.
RépondreSupprimerBises et bon mardi
Que de souvenirs sur ta page !
RépondreSupprimerJ'aime énormément... et même si j'ai toujours rêvé de savoir danser sans jamais y parvenir, je me suis régalée en te lisant...
Et le tango corse, c'est une merveille. :)
des souvenirs qui n sont pas tristes comme l'évoque cette citation...
RépondreSupprimer(en confidence j'avoue ne pas être fan d'Annie Ernaux !)
De tres beaux souvenirs Jeanne que tu partages avec nous , je crois l'avoir entendue aussi cette émission de France Inter pour Annie Ernaux je reviendrai pour le lien
RépondreSupprimerBonne soirée
Bisous
De biens beaux souvenirs qui n'inspirent pas du tout la tristesse, tout au plus de la nostalgie.
RépondreSupprimerBisous.
Domi.