Laura Vanel-Coytte à la manoeuvre pour le défi n°203 des CROQUEURS DE MOTS nous propose sa partici "passion" en faisant appel à notre appétit livresque et pour ce premier jeudi poésies,
Poésie ou chanson ou autre sur les livres tels que vous les vivez… ou pasDécouvrir ce mercredi après-midi les contenus de cette quinzaine me fait sourire. Après tout, je pourrais me contenter de vous renvoyer à ma "libraire" de Calliope à la cité du mot et du livre.
Vous le savez aussi, je privilégie le partage de poèmes choisis pour ces rendez-vous du jeudi.
L'évocation du livre m'a immédiatement porté vers l'un des poèmes de Louise Ackermann, Mon livre que j'ai mis en ligne fin juillet 2012 pour illustrer la lettre D avec le mot doute puis pour un défi des CROQUEURS DE MOTS de février 2017 mené par ABC pour illustrer le mot éclat .
En relisant ce poème aujourd'hui, j'en mesure toute la profondeur et l'actualité, sous l'éclairage de l'actualité la plus immédiate comme celle des derniers mois.
J'aurais pu aussi partager avec vous quelques lignes d'un roman où la lecture des livres est la passion et le refuge d'une jeune africaine en train de perdre la vue.
Mes recherches sur Internet m'ont offert cette délicieuse leçon de lecture que j'ai envie de partager ici.
La leçon de lecture
« Monsieur Jean, vous lirez l'alphabet aujourd'hui. »
J'entends encore ce mot qui faisait mon ennui.
J'avais six ans, j'aimais les beaux livres d'images,
Mais suivre ces longs traits qui noircissent des pages,
Ce n'était point ma joie et je ne voulais pas.
Pourtant, quand je voyais un peu d'écrit au bas
Des villes, des bateaux, des ciels aux blanches nues,
J'étais impatient des lettres mal connues,
Qui m'auraient dit le nom des choses et des lieux.
Savoir est amusant, apprendre est ennuyeux :
J'aurais voulu savoir et ne jamais apprendre.
Et lorsqu'on me parlait d'alphabet, sans attendre
Qu'on eût trouvé le livre effrayant, j'étais loin !
Où ? Qui le sait ? L'enclos a plus d'un petit coin
Où, parmi le fenouil, le romarin, la mauve,
Un enfant peut guetter l'insecte qui se sauve,
Et se sentir perdu comme en une forêt ;
J'étais là, prêt à fuir dès que l'on m'y verrait.
Quand surgissait enfin l'aïeul avec son livre,
Je glissais par des trous où nul n'eût pu me suivre,
Et… cherche, bon grand-père, où l'enfant est niché !
Un jour on me trouva dans un figuier perché ;
Un autre jour, prenant au bon moment la porte,
J'entrai dans les grands blés du champ voisin, de sorte
Que j'entendis ces mots derrière notre mur :
« Il n'a pas pu sortir ! — En êtes-vous bien sûr ?
— Certes ! le portail sonne et la muraille coupe, »
« Et grand-père ajoutait : Je l'attends à la soupe ! »
Comme l'oiseau privé fuit, mais retourne au grain,
Il fallait revenir, le soir, d'un ton chagrin
Dire à mon grand-papa : « Demain, je serai sage ! »
Un jour : « Monsieur l'oiseau, je vais vous mettre en cage,
Dit le bon vieux sévère, et vous n'en sortirez
Qu'après avoir bien lu... — Mais, mon grand-père ! — Entrez ! »
J'étais pris par le bras comme un oiseau par l'aile ;
Nos poules dans l'enclos piquaient l'herbe nouvelle :
Leur cabane était vide ; on m'y fit entrer seul,
Et le livre s'ouvrit dans les mains de l'aïeul !
Plus d'une fois, les gens qui venaient en visite
Me virent à travers la barrière maudite,
Et tous riaient, disant : « Ah ! le petit vaurien ! »
Ou : « Le joli pinson ! et comme il chante bien ! »
C'est qu'appuyant mon front aux losanges des grilles,
Il fallait tout nommer, lettres, accents, cédilles,
Sans faute, et la prison me fut bonne en effet,
Car pour vite en sortir que n'aurais-je pas fait !
Jean Aicard,La leçon de lecture, Les Poèmes de Provence, 1874
Jean Aicard, 1848 - 1921, poète, romancier et dramaturge français
enfants de Martial Caillebotte, par Auguste Renoir |
J'aime beaucoup Jeanne ce poème. C'est charmant et surtout je me reconnais dans cet enfant. Apprendre m'a toujours ennuyée mais J'ai toujours eu soif de savoir. Beau jeudi
RépondreSupprimercharmant et en même temps un peu cruel comme contrainte à l'apprentissage. J'ai appris à lire par envie de lire par moi même et aussi par jeu, loin de cela. Heureusement ce texte sent bon aussi la tendresse de ce grand père
SupprimerBienheureux enfants de Caillebotte !
RépondreSupprimerMerci pour cette belle lecture. Je ne connaissais le nom de Jean Aicard que par le nom d'une rue dans le 11ème à Paris où habitait une amie...
Passe une belle journée.
tu m'apprends même qu'il a sa rue dans le XIe. C'est même une avenue (pas bien grande sur le plan). J'ai découvert ce poème pour ce défi sur Internet.
Supprimerbises
Ce n'est pas si facile d'apprendre à lire et vraiment pas marrant de lire l'alphabet, ce texte m'a parlé au plus profond de mes souvenirs...
RépondreSupprimerJe suppose que c'est le cas de beaucoup d'anciens écoliers. J'ai eu la chance de toujours prendre cela comme un jeu et j'ai échappé à ce que raconte ce délicieux poème.
SupprimerC'est effectivement un magnifique poème, merci Jeanne.
RépondreSupprimerBises et bon jeudi
je reviens doucement sur les blogs et cette pause demandée par domi fait mon affaire finalement.
SupprimerJ'ai pris la liste dans l'ordre alors patience pour mes visites ...
Très beau...
RépondreSupprimerje revois encore le premier livre que j'ai reçu... en 1949 ! le titre "François à la ferme" et depuis les livres ne m'ont jamais trahi !
quel bonheur d'aimer les livres. Je suis comme toi, sauf que les premiers livres qu'on m'a laissé découvrir avec grand soin ont été ceux de mes grands frères et soeurs : L'oiseau bleu et Narcisse et Farfouillet notamment. Et puis on m'en a offert aussi, deux mon premier alphabet, différents et que j'adorais, un très gros livre résumant les contes mis en dessins animés par Walt Disney et que je dévorais par terre tant il était lourd pour moi (1956 ?) et ensuite mon premier livre de grande (Suzy risque tout) etc...
SupprimerMais il m'est arrivé d'être déçue par une lecture ou la relecture d'un livre que j'avais lu bien plus tôt.
Je continue à lire et à aimer lire
bises
Superbe, il est, ce poème, Jeanne ! J'♥ beaucoup, beaucoup !
RépondreSupprimerBonne soirée !
Bises♥
n'est-il pas ? en effet ?
Supprimerje ne me rappelle pas de mon apprentissage de la lecture ; par contre celui de ma fille. Elle a appris à lire toute seule. C'était un jeu, elle cherchait à deviner les lettres et peu à peu, elle a su et les livres n'ont plus eu de secret ... bises et merci pour ce joyeux poème.
RépondreSupprimerapprendre à lire a été un jeu pour moi, et mes enfants ont manié des lettres magnétiques assez tôt dans des activités ludiques à la maison. Leur apprentissage de la lecture a été plus ou moins facile cependant et les méthodes hmmm.
SupprimerC'est un moment important qui devrait être abordé avec sérénité.
Je me demande, avec la disparition progressive de la lecture comme loisir, comment motiver à l'apprentissage de la lecture
bises
bONJOUR,
RépondreSupprimerTrès beau choix
merci et bonne journée
et merci pour cette idée de défi qui m'a fait découvrir ce poème
SupprimerUn grand merci pour le partage de ce poème que je ne connaissais pas.
RépondreSupprimerTout est beau sur ta page.
Passe une douce journée Jeanne. Bises.
je l'ai moi aussi découvert pour répondre à ce défi
Supprimerbises
Superbe poème sur l'apprentissage de la lecture . Je n'ai pas eu de soucis avec mes enfants , ils avaient hâte de découvrir par eux mêmes les livres que je leur lisais .
RépondreSupprimerBonne journée et bon week - end pascal
Bisous
Heureux tes enfants. C'est un bonheur quand l'apprentissage de la lecture est une envie pour lire et non une compétition entre parents. Ce n'est pas pour rien que au moins toute une année est consacrée à cet apprentissage.
Supprimerbises