Cette semaine-là, l'image proposée était un dessin de Rembrandt de 1644, Cottage à l'orée d'un bois Clic --->
La silhouette aperçue dans l'encadrement de la porte m'a renvoyé à une autre scène que j'ai noté en brouillon. J'ai hésité à la publier. Tout comme hier où je n'ai pas osé photographier un très vieux couple sagement assis sur un banc de square et qui aurait magnifié le buisson de roses devant le kiosque à musique. Un respect de la vie des autres qui n'existe guère sur les nouveaux médias d'Internet.
Mais comment l'Histoire peut-elle s'écrire au plus près du vrai sans traces de ce qui a été ?
J'ose. En creux, par le filtre de l'écriture d'un autre texte sur cette image, à la manière d'un haïbun.
Je vais vous conter une histoire vraie. Martine a aperçu avant nous le visage derrière les rideaux. Elle a fait des grands signes amicaux.
Hublot déserté
la silhouette est apparue
sur le pont vieilli
Martine a demandé poliment si l'on pouvait monter sur la péniche. Quelqu'un a précisé nous sommes treize. Une autre "Enfin tout un groupe".
Les marcheurs au loin
s'étiraient le long du quai
les premiers "entraient"
De confidences en questions une autre silhouette est sortie du logement flottant dont on devinait l'aménagement sommaire sinon la vétusté.
Ils étaient deux frères
n'avaient pas connu l'école
et n'avaient plus d'âge.
La pension n'étaient pas pour eux. Il fallait de la main d'oeuvre jeune et robuste pour touer sur le chemin de halage. Le petit groupe est resté à échanger leurs vécus d'enfants tenus éloignés de l'instruction.
Elles près du désert,
les garçons au fil de l'eau,
Ils avaient appris
autrement que dans les livres
tout à l'école de la vie.
©Jeanne Fadosi, vendredi 7 juillet 2017
sur l'image de l'herbier de poésie 82
Ils se disent deux frères, anciens mariniers. Secs et tellement ridés qu'il m'est impossible de leur donner un âge. Je n'ai pas osé poser de questions pour savoir pourquoi ils n'étaient pas allé à l'école, s'ils avaient appris à lire écrire et compter. et comment. Je suis redescendue sur le quai tandis que la conversation se prolongeait dans la gentillesse. Ils ont même accepté une photo qui restera privée.
Armand Guillaumin, La Seine, 1867, Musée de l'Ermitage |
une belle interprétation de ce tableau, tu maîtrises le haïbun... Bravo
RépondreSupprimerBonsoir Jeanne, c'est le début d'une histoire, c'est une rencontre. Je me demande toujours comment on peut manquer l'école puisqu'elle est obligatoire, comment certaines personnes ne savent pas lire ni écrire ou ne sont pas intéressées par l'instruction ? Ces deux mariniers ont trouvé leur voie malgré leur manque d'instruction et au moins ils vivent de leur métier. Bises et bon week end.
RépondreSupprimerje ne leur donne pas d'âge à ces deux frères, mais ils ont au moins l'âge d'être nés avant la guerre 39-45. Il est déjà difficile pour un enfant de marinier vivant sur une péniche de fréquenter l'école que dire pendant cette période-là où les gens du voyage (car oui, ils étaient des "routiers" des voies navigables, mais considérés comme des gens à part comme les enfants de forains dont on attendait pourtant les manèges avec impatience pour la foire ou la fête communale) Les mariniers, eux, sillonnaient la France ou la reliaient aux grands ports de Belgique et de Hollande. Bises et belle fin de semaine
SupprimerJ'aime ce respect de l'intimité des autres.
RépondreSupprimerEt ton récit est très beau.
Merci !
Bises et doux dimanche Jeanne.
Cette lecture me rappelle un roman dont tout m'échappe, titre et auteur. Cela me reviendra. Il y avait ce ton d'intimité que l'on trouve parfois dans les témoignages d'un temps à ce point révolu que l'on pourrait penser a de la fiction.
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