Pour le défi n°239 des CROQUEURS DE MOTS de ce lundi prochain 28 septembre dont j'ai pris la barre, je vous invite donc à écrire un petit texte en prose ou en vers portant sur un moment (passé, présent, à venir, réel ou imaginaire) particulier (joyeux, saugrenu, étrange, stressant, agréable ...) dans lequel l'électricité (ou son absence) y a joué un rôle important. Mots imposés à inclure (ambre, ampoule, appareil).
Je vous ai dit que l'électricité était au coeur de l'activité professionnelle de mon père et occupait une place importante dans nos vies.
La maison de fonction abritait le bureau au rez-de-chaussée et le garage, les ateliers et les entrepôts en annexe. Elle était vaste mais sans grand confort. Les premières améliorations faites sur leur temps libre et leurs économies avaient d'abord agrémenté leurs loisirs : des ampoules dans toutes les pièces pour des veillées plus douces, tout ce qu'il fallait pour développer et tirer leurs photos d'amateurs et surtout, enfin un premier poste TSF à galène au coffre en bois ciré couleur de miel et d'ambre. (on pourrait dire aujourd'hui en kit, sauf qu'il avait aussi inventé le plan de montage). Un appareil détenu clandestinement et qui permettrait bientôt d'écouter Radio Londres.La famille s'agrandissant en même temps que le gouvernement Daladier était revenu sur les améliorations salariales et sociales du Front Populaire, les centres d'intérêt sont devenus plus pratiques : un radiateur fabriqué à partir de tiges en fer, de résistances et d'autres pièces nécessaires, jardinage et châssis en verre, poulailler et fabrication d'une couveuse, et même achat d'une première essoreuse électrique trop compliquée à faire soi-même et surtout à se procurer les pièces nécessaires. Maman cousait, papa avait appris à tricoter pour l'aider à faire pulls, cache-cols, moufles et bonnets.
Drôle de guerre, capitulation, occupation, les pannes d'électricité étaient fréquentes. Un jour qu'un soldat allemand était venu furibard sommer mon père de réparer au plus vite, il avait avisé un fil électrique montant les escaliers vers le grenier. Les quatre enfants s'étaient sagement assis sur les marches et le câble. Une prise multiple alimentait une seule rallonge qui conduisait ... à la couveuse où des poussins au duvet d'ambre, privés de la douce chaleur de la rampe électrique se réchauffaient blottis les uns contre les autres.
Le soldat avait éclaté de rire, s'était attardé devant l'astucieuse invention, avait peut-être hésité à confisquer les volatiles et même la couveuse ... Il est redescendu sans deviner l'autre câble débranché in extrémis par la grande, menant dans l'autre partie du grenier vers la tsf clandestine. Mon père, impassible et soulagé, était déjà prêt à partir avec une équipe pour relever les câbles mis à terre par l'orage.
Je pourrais arrêter l'histoire ici et me satisfaire de ce que cet appareil astucieux a nourri mes frères et sœurs de bons poulets rôtis les jours de fête, même s'ils étaient accompagnés de topinambours fades et sans beurre. Nul à l'époque n'imaginait les élevages en batterie et les massacres de poussins d'un jour dans les écloseries actuelles.
Mais l'histoire de la couveuse familiale est à l'origine d'une autre merveille. Je n'ai plus le temps ni la place de vous la conter maintenant.
Image de Comment fabriquer un incubateur maison simple
* En fait c'était la suite que j'avais envie de vous raconter mais allez savoir pourquoi c'est cette histoire (vraie) de fil électrique et de poste à galène qui est venu s'imposer ?
Bonjour Jeanne,
RépondreSupprimerC'est tout à fait intéressant oui, à suivre, certainement !!! Super !!!
J'♥ beaucoup !
Bon début de semaine,
Bises♥
Des souvenirs d'enfance qui m'émeuvent. Je n'ai pas connu cette époque je n'étais pas encore née. Je me souviens de la radio de ma grand-mère et de sa lampe à pétrole quand il y avait des coupures d'électricité.
RépondreSupprimerMoi non plus je suis née bien après la guerre mais j'ai beaucoup reçu de confidences de ces années-là de la part de mes parents et de mes frères et sœurs aînés. bises
SupprimerCoucou Jeanne,
RépondreSupprimerPalpitants souvenirs de ta période d'enfance passée dans un climat troublé par l'occupation allemande.
Je suis une enfant du baby boom, mais j'ai été élevée avec des parents qui ont eu faim pendant ces années difficiles et qui ont gardé les bonnes habitudes de ne pas gaspiller la nourriture.
Bises et bon début de semaine
C'est ce que m'ont raconté mes sœurs aînées. Moi, selon la formule de mes parents, je n'étais pas du tout prévue. Mais cette période m'a été abondamment dite. bises
SupprimerJe vais rajouter sur mon article une photo en lien avec le tien :-)))
RépondreSupprimerelle est super cette photo ainsi que toutes tes autres illustrations !
SupprimerMerci Jeanne pour ces souvenirs que tu partages , heureusement en effet que l'autre câble n'a pas été découvert .
RépondreSupprimerBonne journée
Bises
Comme tu dis ! Les enfants cachant le câble en s'asseyant dessus est véridique ! bises
SupprimerMerci Jeanne. J'ai beaucoup aimé ces souvenirs que tu nous racontes. J'espère bien qu'il y aura une suite.
RépondreSupprimerLe passage de la couveuse, des poussins et du soldat allemand... extra.
Mon papa aussi créait beaucoup de ses mains mais il ne tricotait pas.
La fée. C'est vrai qu'on la nommait ainsi l'électricité.
Bonne soirée Jeanne
Merci infiniment Jeanne de ce merveilleux témoignage... Tu m'as mise en haleine jusqu'au bout.... Bisous
RépondreSupprimerTon père était un Mac Gyver ! Un bon bricoleur à la maison c'est pratique.Les débuts des appareils électriques, cela devait être extraordinaire malgré l'époque dangereuse! Le poussins et ton père sot passés près de la catastrophe. Bise
RépondreSupprimerC'était moi Fanfan2B dans le com précédent !
RépondreSupprimerBon, j'attends donc la suite... merci encore pour ces souvenirs partagés.
RépondreSupprimerdu vécu et pas inintéressant en plus bises
RépondreSupprimerde vrais souvenirs qui me replongent dans une vie "d'avant" que j'ai connu en partie mais ou l'électricité n'était pas aussi présente...je ne l'ai connu qu'un peu plus tard ! bises
RépondreSupprimerUne très belle tranche de vie, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, moi non plus, mais j'ai tellement entendu mes parents raconter leurs souvenirs que j'ai l'impression de les avoir vécus.
RépondreSupprimerBisous Jeanne.