Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 27 mars 2025

Jeudis en poésie : La Marseillaise de la paix, de Alphonse de Lamartine

petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.
Je m'en excuse en particulier auprès Josette , Andrée, An'maï, Miss-Yves et j'en oublie ... dont je lis régulièrement les articles et qui me déposent des commentaires sans que je puisse y répondre ou commenter sur leur blog
Jeudis poésie avec l'envie de garder un fil poétique avec ce rendez-vous des CROQUEURS DE MOTS qui est revenu sans ses jeudis ... et pour surfer sur la vague du Printemps des Poètes, 
Pour cette quinzaine, Jil et Dômi m'avaient dit que le déficroq 304 serait animé par Rose sur le thème de l'art. J'en ai découvert les consignes happée par d'autres tâches et je n'ai plus eu le temps de surfer jusqu'à mardi. J'avais un autre projet en rapport avec l'art et le sujet mais en découvrant ce mercredi en fin de matinée sur wikisource ce poème de Lamartine La Marseillaise de la paix au hasard d'une recherche sur les paroles et les réécritures de l'hymne national de la France, j'ai eu envie de le partager. 
LA MARSEILLAISE DE LA PAIX

RÉPONSE À M. BECKER*
auteur du rhin allemand

DÉDIÉE À M. DARGAUD

Roule libre et superbe entre tes larges rives,
Rhin, Nil de l’Occident, coupe des nations !
Et des peuples assis qui boivent tes eaux vives
Emporte les défis et les ambitions !

Il ne tachera plus le cristal de ton onde,
Le sang rouge du Franc, le sang bleu du Germain ;
Ils ne crouleront plus sous le caisson qui gronde,
Ces ponts qu’un peuple à l’autre étend comme une main !

Les bombes et l’obus, arc-en-ciel des batailles,
Ne viendront plus s’éteindre en sifflant sur tes bords ;
L’enfant ne verra plus, du haut de tes murailles,
Flotter ces poitrails blonds qui perdent leurs entrailles,
Ni sortir des flots ces bras morts !

Roule libre et limpide, en répétant l’image
De tes vieux forts verdis sous leurs lierres épais,
Qui froncent tes rochers, comme un dernier nuage
Fronce encor les sourcils sur un visage en paix.

Ces navires vivants, dont la vapeur est l’âme,
Déploieront sur ton cours la crinière du feu ;
L’écume à coups pressés jaillira sous la rame ;
La fumée en courant lèchera ton ciel bleu.
Le chant des passagers que ton doux roulis berce
Des sept langues d’Europe étourdira tes flots,
Les uns tendant leurs mains avides de commerce,
Les autres allant voir, aux monts où Dieu te verse,
Dans quel nid le fleuve est éclos.

Roule libre et béni ! Ce Dieu qui fond la voûte
Où la main d’un enfant pourrait te contenir,
Ne grossit pas ainsi ta merveilleuse goutte
Pour diviser ses fils, mais pour les réunir !

Pourquoi nous disputer la montagne ou la plaine ?
Notre tente est légère, un vent va l’enlever :
La table où nous rompons le pain est encor pleine,
Que la mort par nos noms nous dit de nous lever !

Quand le sillon finit, le soc le multiplie ;
Aucun œil du soleil ne tarit les rayons ;
Sous le flot des épis la terre inculte plie :
Le linceul, pour couvrir la race ensevelie,
Manque-t-il donc aux nations ?

Roule libre et splendide à travers nos ruines,
Fleuve des Goths, des Huns, des Gaulois, des Germains !
Charlemagne et César, campés sur tes collines,
T’ont bu sans t’épuiser dans le creux de leur main !

Et pourquoi nous haïr et mettre entre les races
Ces bornes ou ces eaux qu’abhorre l’œil de Dieu ?
De frontières au ciel voyons-nous quelques traces ?
Sa voûte a-t-elle un mur, une borne, un milieu ?
Nations ! mot pompeux pour dire barbarie,
L’amour s’arrête-t-il où s’arrêtent vos pas ?
Déchirez ces drapeaux ; une autre voix vous crie :
« L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ;
La fraternité n’en a pas ! »

Roule libre et royal entre nous tous, ô fleuve !
Et ne t’informe pas, dans ton cours fécondant,
Si ceux que ton flot porte, ou que ton urne abreuve,
Regardent sur tes bords l’aurore ou l’occident !

Ce ne sont plus des mers, des degrés, des rivières,
Qui bornent l’héritage entre l’humanité :
Les bornes des esprits sont leurs seules frontières ;
Le monde en s’éclairant s’élève à l’unité.

Ma patrie est partout où rayonne la France,
Où son génie éclate aux regards éblouis !
Chacun est du climat de son intelligence ;
Je suis concitoyen de toute âme qui pense :
           La vérité, c’est mon pays !

Roule libre et paisible entre ces fortes races
Dont ton flot frémissant trempa l’âme et l’acier ;
Et que leur vieux courroux, dans le lit que tu traces,
Fonde au soleil du siècle avec l’eau du glacier !

Vivent les noble fils de la grave Allemagne !
Le sang-froid de leur front couvre un foyer ardent ;
Chevaliers tombés rois des mains de Charlemagne,
Leurs chefs sont les Nestors des conseils d’Occident.
Leur langue a les grands plis du manteau d’une reine,
La pensée y descend dans un vague profond ;
Leur cœur sûr est semblable au puits de la sirène,
Où tout ce que l’on jette, amour, bienfait ou haine,
           Ne remonte jamais du fond.

Roule libre et fidèle entre tes nobles arches,
Ô fleuve féodal, calme mais indompté !
Verdis le sceptre aimé de tes rois patriarches :
Le joug que l’on choisit est encor liberté !

Et vivent ces essaims de la ruche de France,
Avant-garde de Dieu, qui devancent ses pas !
Comme des voyageurs qui vivent d’espérance,
Ils vont semant la terre, et ne moissonnent pas…

Le sol qu’ils ont touché germe fécond et libre ;
Ils sauvent sans salaire, ils blessent sans remord :
Fiers enfants, de leur cœur l’impatiente fibre
Est la corde de l’arc où toujours leur main vibre
Pour lancer l’idée ou la mort !

Roule libre, et bénis ces deux sangs dans ta course ;
Souviens-toi pour eux tous de la main d’où tu sors !
L’aigle et le fier taureau boivent l’onde à ta source :
Que l’homme approche l’homme, et qu’il boive aux deux bords !

Amis, voyez là-bas ! — La terre est grande et plane !
L’Orient délaissé s’y déroule au soleil ;
L’espace y lasse en vain la lente caravane,
La solitude y dort son immense sommeil !
Là, des peuples taris ont laissé leurs lits vides ;
Là, d’empires poudreux les sillons sont couverts ;
Là, comme un stylet d’or, l’ombre des Pyramides
Mesure l’heure morte à des sables livides
Sur le cadran nu des déserts !

Roule libre à ces mers où va mourir l’Euphrate,
Des artères du globe enlace le réseau,
Rends l’herbe et la toison à cette glèbe ingrate :
Que l’homme soit un peuple, et les fleuves une eau !

Débordement armé des nations trop pleines,
Au souffle de l’aurore envolés les premiers,
Jettons les blonds essaims des familles humaines
Autour des nœuds du cèdre et du tronc des palmiers !

Allons comme Joseph, comme ses onze frères,
Vers les limons du Nil que labourait Apis,
Trouvant de leurs sillons les moissons trop légères,
S’en allèrent jadis aux terres étrangères,
         Et revinrent courbés d’épis !

Roule libre, et descends des Alpes étoilées
L’arbre pyramidal pour en tailler nos mâts,
Et le chanvre et le lin de tes grasses vallées !
Tes sapins sont les ponts qui joignent les climats.

Allons-y, mais sans perdre un frère dans la marche ;
Sans vendre à l’oppresseur un peuple gémissant ;
Sans montrer au retour au Dieu du patriarche,
Au lieu d’un fils qu’il aime, une robe de sang !
Rapportons-en le blé, l’or, la laine et la soie,
Avec la liberté, fruit qui germe en tout lieu ;
Et tissons de repos, d’alliance et de joie
L’étendard sympathique où le monde déploie
         L’unité, ce blason de Dieu !…

Roule libre, et grossis tes ondes printanières,
Pour écumer d’ivresse autour de tes roseaux ;
Et que les sept couleurs qui teignent nos bannières,
Arc-en-ciel de la paix, serpentent dans tes eaux !

Alphonse de Lamartine, Saint-Point, 28 mai 1841.

Après tout, le printemps des poètes a lieu jusqu'à la fin du mois et l'art poétique est l'un des arts ayant sa muse, et même deux, Clio pour la poésie épique et l'Histoire, Erato pour la poésie romantique.
On a les deux dans ce poème, l'épique et le romantique

Et pour rebondir sur les textes et commentaires, notamment ceux de Rose et de Martine 

et d'abord "Qu'est-ce que l'art ?"

Commentaire déposé par Rose sur le blog de Dômi :
Le mars 25, 2025 à 4:37 am, Rose63 a dit :
N’est artiste que celui qui pense l’être mais qui se dit que les autres ne le sont pas à sa hauteur de son nombril*
L’art est un don qui s’offre à celui qui n’a pas besoin de se torturer pour apprécier
Nul besoin d’un chiotte en or pour vidanger son esprit tordu , juste bon pour les lecteur de presse
Nul besoin d’être un artiste pour écrire sur ce sujet que je vous avais proposé hahaha
Mais je remercie celles et ceux qui ont joué avec et non polémiqué sur le sujet car à vrai dire il y a tant de belles choses à en dire …mais c’est avec respect que j’ai lu vos textes
Rose

* je me demande s'il ne manque pas un début de phrase. Je pense que beaucoup de ceux qui se disent artistes n'en sont pas. Que des artistes reconnus tels et l'étant, ont un ego hypertrophié, j'ai écrit des, pas les, ils ne le sont pas tous.

Je ne sais pas si Lamartine se revendiquait artiste, du moins se savait-il poète et qui le contesterait aujourd'hui ?
Son sujet était inflammable pour ne pas dire volcanique à cette époque de confrontation à propos des frontières du Rhin, et le sujet en est toujours volcanique en le transposant dans d'autres espaces 
Quant à ne pas être dissertation, ce poème est une illustration brillante que si, c'est possible. Il faut dire que l'entraînement à faire rimer les textes était un long entraînement lié à l'oralité et pour ménager les orateurs comme pour mémoriser plus aisément ce qui pouvait être art ou discours.

le rocher de la Lorelei, Rhin, Allemagne, photochrome,~1900

Alphonse de Lamartine — Wikipédia, 1790 - 1865, poète, romancier, historien, dramaturge et homme politique français, l'une des grande figures du romantisme français et de la révolution de 1848 avec la proclamation de la deuxième république.
Lorelei — Wikipédia, rocher culminant à l'apic de la partie la plus étroite de la partie allemande du Rhin, nommée du nom d'une nymphe germanique telle les sirènes de la mythologie grecque et ayant inspiré de nombreux artistes.

Et si vous êtes curieux de pousser plus loin la réflexion  :

lundi 24 mars 2025

Déficroq 304 (n°13 2024-2025) : Art et société

petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.

Dernière minute à presque 19h ce lundi, impossible de déposer des commentaires sur les blogs de Eklablog.  ce n'était qu'un bug passager maintenant réparé
En revanche, surprise du mardi matin, l'apparence de mon blog historique (je veux le premier que j'ai ouvert) a changé, sans doute par disparition du modèle support. J'ai tatonné pour modifier les couleurs. Chacun ses goûts mais je préfère les fonds clairs. Mais impossible de remettre une bannière de blog (bouh !!! snif!!!)
Pour cette quinzaine, le déficroq 304 est animé par Rose63 et voici  ce qu'elle nous propose :
Le rôle de l'art dans la société : est-il encore pertinent aujourd'hui pour vous ?
L'art comme moteur économique et culturel
Et vivre avec son temps : Évolution technologique et art numérique

Déjà plus de 18h ce lundi et une semaine dernière un peu bousculée où ma collecte de liens vers mes blogs en rapport au sujet proposé est restée dans les brouillons alors que je n'ai pas eu le loisir d'écrire un texte inédit. (pourtant j'avais matière à et j'aurais bien aimé en témoigner). 
Et comme hier j'ai eu la mauvaise idée de prendre un café vers 16h,  j'ai fait cet après-midi une sieste réparatrice de ma mauvaise nuit. J'en avais sans doute besoin mais me voici une fois de plus à courir après le temps. Alors, voici la réédition des deux premiers liens mis dans cette compilation. Promis je la met en ligne dans la foulée Fadosi continue: en marge du déficroq 304

***
C'était à la même époque et pour deux jeux d'écriture ou de citation qui se complétaient :
Pour ImageCitation-45 de Jazzy

«  Une œuvre d’art n’est jamais immorale. L’obscénité commence où l’art finit » 
Raymond Poincaré (1860 - 1934), cité dans une biographie de Poincaré

"America", oeuvre en or 18 carats de l'artiste Maurizio Catellan,
photo AFP/Williams EDOUARD
"L'œuvre est présentée comme égalitariste par son créateur Maurizio Cattelan. Les visiteurs pouvaient s'y soulager, à la condition d'avoir préalablement réservé un créneau de trois minutes.
Ce WC en or avait été utilisé par environ 100 000 personnes entre septembre 2016 et l’été 2017 au musée Guggenheim de New York." (source Le Parisien du 18 septembre 2019)

***
ce mois-là, il y avait collision d'actualités. ...

1) Il y a eu d'abord cette citation qui m'a fait cogiter sur le sens à donner aux mots (œuvre d'art, immoral, obscène).

2) J'ai recherché sur Google pour ne pas le nommer une image libre de droit du célèbre urinoir de Marcel Duchamp, 1917, dont la temporalité me laissait penser que la "sculpture" était peut-être à l'origine de la citation.

3) dans la foulée, Adamante proposait pour l'Herbier de poésies une image qui faisait autrement écho à la citation. Et dans la foulée, j'avais écrit laborieusement un texte initialement prévu pour le vendredi 13.

***
 Pour la page 149 de l'Herbier de Poésies

Comme d'habitude, il n'avait aucune idée de ce qu'il adviendrait de son texte. S'il convenait, il paraîtrait, signé du nom de son boss, caviardé des nuances et de la complexité de l'analyse. Sinon il n'en resterait qu'une caricature sans base ni sommet pour remplir l'espace d'une pub non attribué avec ses initiales. Souvent le fichier atterrissait dans la corbeille.

Il longeait la Seine.
Vers l'ouest doucement
le soleil déclinait.

L’œuvre ne l'avait pas inspirée, son histoire en revanche l'avait interpellé. Comme une répétition sans fin. Symptôme de la réémergence des pratiques d'asservissement dont les trente glorieuses avaient fait croire à la disparition.
Sur l'autre rive
une vieille dame incarnée
derrière des palissades.
Sa petite amie, en le présentant à ses parents, l'avait dit "critique d'art". Cela avait plus d'allure que poète. Moins inquiétant, quoique. Il avait envie de gueuler à l'eau noire "plus de gueule". Ce contrat à durée indéterminée était une aubaine pour se loger et ils avaient besoin de leur caution.
Un beau soir d'avril
les âmes des anonymes
pleuraient leur chef d’œuvre.
Demain sans doute les enchères grimperaient dans d'autres tours. Quelqu'un achèterait un nom. L'objet passerait d'un coffre à un autre. Il pensa à cette citation de Raymond Poincaré lu sur un des blogs où il aimait se détendre et se ressourcer : « Une œuvre d’art n’est jamais immorale. L’obscénité commence où l’art finit ».
L'arrogance des marchés
la quête vaine du barbouilleur
étaient dérisoires.
Vers les tours de la Défense
Le Soleil griffait les toits.
©Jeanne Fadosi, jeudi 12 septembre 2019
à découvrir le vendredi soir  ou le samedi
avec les autres brins sur la page 149 de L'Herbier

***
4) Cerise sur les gâteux, le samedi 14, les médias (ici Franceinfo) se faisaient l'écho d'un vol dans un palais du sud de l'Angleterre d'une "œuvre d'art" ahurissante (celle que j'ai utilisé pour illustrer la citation). J'apprécie d'ailleurs que l'article parle d'œuvre et non d'œuvre d'art.

Il n'empêche ! La démarche de Maurizio Catellan me semble autrement signifiante que celle de Marcel Duchamp et j'imagine au regard d'un stage en entreprise quand j'étais étudiante comment il a pu puiser son inspiration. Même si je trouve obscène, à moins que ce ne soit juste cynique, de l'exposer dans un palais. Après tout, il semblerait que le summum de l'art et de l'irrévérence ait été de faire disparaître l'œuvre juste adjugée (cf La fillette attribuée à Banksy s'autodétruit en pleine vente)