Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 2 novembre 2023

2 novembre : Jour des morts

aparté, petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.
En France, le 1er novembre est traditionnellement le jour de la Toussaint.

Le lendemain 2 novembre est le jour des morts. Mais comme ce n'est pas un jour férié, sauf quand il tombe un dimanche, les gens ont depuis longtemps pris l'habitude de s'occuper des visites aux morts le 1er novembre.

La Toussaint, c'est la fête de tous les saints, connus et inconnus. C'est une fois de plus une fête qui dans les premiers siècles s'est substituée à d'autres rites autour des morts plus anciens notamment la plus importante des fêtes druidiques de la mythologie celtique .

C'est une fête catholique certes, où que l'on soit croyant ou non, on va sur la tombe de nos morts : les protestants ne pratiquent pas le culte des saints, sauf certaines églises luthériennes et les orthodoxes la fêtent après la Pentecôte.

Baudelaire, qui affichait son athéisme mais respectait quelques morts qui lui étaient chers, avait écrit un poème en souvenir de la servante de sa mère qui s'occupait bien plus qu'elle du petit Charles, enfant.

La servante au grand cœur

La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse,
Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,1
Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.
Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs,
Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres,
Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres,
Certe*, ils doivent trouver les vivants bien ingrats,
A dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps,
Tandis que, dévorés de noires songeries,
Sans compagnon de lit, sans bonnes causeries,
Vieux squelettes gelés travaillés par le ver,
Ils sentent s'égoutter les neiges de l'hiver
Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille2
Remplacent les lambeaux qui pendent à leur grille.

Lorsque la bûche siffle et chante, si le soir,
Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,3
Si, par une nuit bleue et froide de décembre,
Je la trouvais tapie en un coin de ma chambre,
Grave, et venant du fond de son lit éternel
Couver l'enfant grandi de son œil maternel,
Que pourrais-je répondre à cette âme pieuse,
Voyant tomber des pleurs de sa paupière creuse ?

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal, Tableaux parisiens, 2e éd. 1861 et 3e éd. 1868

"Condamnation des Fleurs du mal

Moins de deux mois après leur parution (en 1857), Les Fleurs du mal sont poursuivies28 en justice pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ». Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante francs, par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur Auguste Poulet-Malassis29 s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction (Les Bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées [Delphine et Hippolyte] ; Les métamorphoses du Vampire).

Charles Baudelaire — Wikipédia (wikipedia.org)


Est-ce un souci de perfectionnisme qui lui a fait reprendre ce poème dans les éditions ultérieures à 1857 ou l'injonction de son éditeur d'atténuer, autant que faire se peut, les propos de sa version de 1857 ? S'y soumettre n'était pas le genre du bonhomme.

Ou l'évolution de l'expression de sa pensée, de l'interrogation agnostique à l'athéisme  de provocation autant que de conviction ?

version de 1857 : le poème est classé dans la première partie, Spleen et idéal
(rappel entre parenthèses de la version définitive telle que je l'ai mise en ligne)
— Dort-elle son sommeil sous une humble pelouse ? —
(Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse,)
Nous aurions déjà dû lui porter quelques fleurs.
(Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs.)

Et l’éternité fuir sans qu’amis ni famille
(Et le siècle couler, sans qu'amis ni famille)

 Calme , dans le fauteuil, elle venait s’asseoir,
(Calme, dans le fauteuil, je la voyais s'asseoir,)

Charles Baudelaire, 1821 - 1867, poète français

* orthographié ainsi dans les trois éditions des fleurs du mal.



En écho bien humble et beaucoup moins tourmenté que ce poète 


Femme étendant du linge à Eragny,
Camille Pissarro, 1890

1 commentaire:

  1. Les familles sont passées avant le 2, fête des morts... Déjà que le nettoyage des tombes n'est plus ce qu'il était... On ne s'y bouscule plus ! La servante bien plus aimante que la mère, merci Jeanne...

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