petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.
Je m'en excuse auprès de tous les blogueurs que je ne peux joindre dont Josette, An'Maï, Marie-Sylvie, Miss-Yves, sur Blogspot et sur certains blogs wordpress (dont celui de Colette et Lilou)... et j'en oublie ...
Pour ce jour de Noël je programme la réédition d'une page en prose, mais quelle prose !
Les trois messes basses (extrait la 2ème messe)
[ . . . ]
À part ces légères méprises, le digne homme débite son office très consciencieusement, sans passer une ligne, sans omettre une génuflexion ; et tout marche assez bien jusqu’à la fin de la première messe ; car vous savez que le jour de Noël le même officiant doit célébrer trois messes consécutives.
— Et d’une ! se dit le chapelain avec un soupir de soulagement ; puis, sans perdre une minute, il fait signe à son clerc ou celui qu’il croit être son clerc, et…
Drelindin din !… Drelindin din !
C’est la seconde messe qui commence, et avec elle commence aussi le péché de dom Balaguère.
— Vite, vite, dépêchons-nous, lui crie de sa petite voix aigrelette la sonnette de Garrigou, et cette fois le malheureux officiant, tout abandonné au démon de gourmandise, se rue sur le missel et dévore les pages avec l’avidité de son appétit en surexcitation. Frénétiquement il se baisse, se relève, esquisse les signes de croix, les génuflexions, raccourcit tous ses gestes pour avoir plus tôt fini. À peine s’il étend ses bras à l’Évangile, s’il frappe sa poitrine au Confiteor. Entre le clerc et lui c’est à qui bredouillera le plus vite. Versets et répons se précipitent, se bousculent. Les mots à moitié prononcés, sans ouvrir la bouche, ce qui prendrait trop de temps, s’achèvent en murmures incompréhensibles.
Oremus ps… ps… ps…
Mea culpa… pa… pa…
Pareils à des vendangeurs pressés foulant le raisin de la cuve, tous deux barbotent dans le latin de la messe, en envoyant des éclaboussures de tous les côtés.
Dom… scum !… dit Balaguère.
… Stutuo !… répond Garrigou ; et tout le temps la damnée petite sonnette est là qui tinte à leurs oreilles, comme ces grelots qu’on met aux chevaux de poste pour les faire galoper à la grande vitesse. Pensez que de ce train-là une messe basse est vite expédiée.
— Et de deux ! dit le chapelain tout essoufflé ; puis sans prendre le temps de respirer, rouge, suant, il dégringole les marches de l’autel et…
Drelindin din !… Drelindin din !…
C’est la troisième messe qui commence.
[ . . . ]
Alphonse Daudet, Lettres de mon moulin, Les trois messes basses, 1869 1e éd.
Si vous avez l'envie de relire ou de découvrir ce délicieux et impertinent conte de noël c'est ici :
Les trois messes basses, de Alphonse Daudet (I) ; (II) ; (III)
![]() |
| Abraham van Beijeren, Nature morte avec fruits et volailles, ~1651 |
Lettres de mon moulin, de Alphonse Daudet, 1e éd. 1869

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