Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

jeudi 30 janvier 2025

Jeudis en poésie : Des contes à la fable

petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.

Et toujours l'envie de garder un fil poétique avec ce rendez-vous des CROQUEURS DE MOTS qui est revenu sans ses jeudis

Le berger qui adorait les contes

Un chien-loup doux comme un agneau
raffolait tant des friandises
qu'il savait très bien faire le beau
pour satisfaire sa gourmandise

Il l'a prenait avec les dents
au bout des doigts de la menotte
toujours très délicatement
sans crainte d'un coup de quenottes

Il n'aimait pas la solitude
qui lui causait grand désarroi
une heure ou deux comme d'habitude.
l'alarme le remplit d'effroi.

Il se réfugia dans les livres
et en fit tomber quelques uns
vous devinez ce qui va suivre
eh oui il s'en fit un festin !

Notez bien que notre berger
raffole des scalps de dames
pauvre mie de ce laid Riquet
tremblez  tremblons toutes les femmes
 
Sa gourmandise sélective
s'est délecté de contes de fées
une lecture digestive
au lieu de comptes s'empiffrer 

Dans notre monde ultra-moderne
les fées penchées sur les berceaux
protègent surtout les badernes
les puissants et leurs généraux

Fillette gare à ta tignasse
qui dépasse de ton bonnet
l'ogre et le loup sont des coriaces
allie-toi aux petits poucets.

Ensemble gamins et gamines
sauront, sans faire la morale,
ni camper sur une doctrine,
trouver de ces faits la morale.
©Jeanne Fadosi, lundi 28 novembre 2022
pour le défi 272 des CROQUEURS DE MOTS
Cette petite fable m'a été inspirée par un événement entièrement vrai que j'avais raconté ici Le berger qui dévorait les livres - Fa Do Si (over-blog.com) et ici   Le Berger qui préférait les contes - Fa Do Si (over-blog.com)          



  














lundi 27 janvier 2025

Déficroq 300 (n°9 2024-2025) : Mon p'tit loup !

petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée.

Pour cette quinzaine, c'est Lilousoleil qui fait son grand retour chez les  CROQUEURS DE MOTS et animera le défi N°300 

Voici ce qu'elle nous propose : 

Janvier n’est pas encore terminé et nous avons encore jusqu’à la fin d’année pour présenter nos vœux de bonne et heureuse année 2025. Je vous propose donc, de vous mettre dans la peau du Loup ou de la Grand-Mère du petit Chaperon Rouge, d’écrire un petit texte sur le thème ci-dessous.

« Le loup présente ses vœux à la grand-mère du chaperon rouge »

Un échange qui m'a désarçonné dimanche entre un de mes petits-fils et moi me fait dévier du sujet qui a la vertu de me faire cogiter dessus. Dévier ? Enfin pas tant que ça. Quelques livres avec un loup, d'autres avec des lions, ou d'autres histoires avec des bons et des méchants ... Il est en train de découvrir les rêves qu'on fait la nuit et peut-être d'apprivoiser quelques cauchemars.

Mon grand loup

Oui je sais que tu n'aimes pas que je t'appelle comme ça. Du haut de tes quatre ans presque cinq tu ne veux plus que je t'appelle mon p'tit loup mais tu ne veux pas non plus de grand, ni loup, ni lion ! Et quand je t'ai dit que le lion était le roi des animaux, tu m'as dit le plus sérieusement du monde en enlevant ta couronne gagnée avec la fève de la galette : "Je ne veux pas être roi !"
D'où puises-tu ces souhaits qui ne s'adressent pas à ta grand-mère mais je crois bien à tous et surtout à toi-même ?
Comme un défi envers les autres ? un besoin de t'affirmer ? une envie de décoller des étiquettes, de sortir des cadres ...?

Tu n'as pas encore l'âge de comprendre cette étrange coutume de s'échanger des vœux au passage de la nouvelle année et pendant le premier mois, du moins en France.
D'ailleurs, est-ce une coutume locale ou universelle ? Comme tu peux le voir en annexe, j'ai fait mes petites recherches* à partir de cette question que tu me poseras l'an prochain déjà.

Alors, si je ne peux pas te remercier de tes "non vœux" involontaires, permets-moi de te souhaiter de grandir en bonne intelligence avec les images et les livres et les histoires, et la vie en vrai, en sachant faire la part des choses, avec la fougue de tes âges, l'appétit de croquer la vie sans dévorer celle des autres, et la capacité à acquérir peu à peu de la sagesse, sans tomber dans la soumission ou la crainte de tout.

Tu grandiras et dans mon cœur tu resteras toujours mon p'tit loup
Avec toute ma tendresse,
ta mamie

*D'après l'hebdomadaire La Vie (un article bien documenté et d'une grande rigueur historique ) :
"Se souhaiter le meilleur et prendre de nouveaux engagements pour la nouvelle année est une manière de dominer ensemble nos peurs archaïques."

Quelques bribes sur la grande fresque du temps :
"Il y a plus de 4 000 ans, pendant 12 jours, les Babyloniens organisaient processions, cérémonies d’allégeance envers leur roi ou couronnaient un nouveau monarque. Cette fête de l’Akitu était adressée aux dieux. En échange de leurs prières, les Babyloniens espéraient des bienfaits pour les mois à venir. Ce rituel avait lieu en mars, pendant la période des nouvelles semailles.

Il faut attendre Jules César, en – 46 avant un autre J.-C., et l’instauration du calendrier julien pour que le 1er janvier marque le début de la nouvelle année. À cette date, les Romains honoraient Janus, le dieu aux deux faces, l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir.

Dans ses Propos sur le bonheur (1926), le philosophe Alain tenait déjà les mêmes propos : « Tous ces souhaits et tous ces vœux, floraison de janvier, ce ne sont que des signes ; soit. Mais les signes importent beaucoup. Les hommes ont vécu pendant des siècles d’après des signes comme si tout l’Univers, par les nuages, la foudre et les oiseaux, leur souhaitait bonne chasse ou mauvais voyage. »"



Je pourrais donner une multitude de liens de sites d'achats (notamment en ligne) qui proposent des résumés pour justifier d'inciter à l'abondance d'achats jusqu'à la démesure
"Se souhaiter la "Bonne Année" est avant tout un acte bienveillant et optimiste. Que ce soit avec sa famille, ses amis, ses collègues ou même des inconnus, ces vœux symbolisent le désir de voir l’autre heureux
Les vœux de Bonne Année, dans leur simplicité, traduisent aussi une aspiration universelle : celle d’une vie meilleure, tournée vers la paix, le succès et l’amour."

vendredi 24 janvier 2025

Pour l'image 42 de An'Maï : Fascinations

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ma participation Sur l'image 42 proposée le 16 janvier par An' Maï pour ses défis Une image des mots  


L'appel du grand large
et "La mer qu'on voit danser"*
au chant des sirènes
©Jeanne Fadosi, vendredi 24 janvier 2025

En admiration devant cette belle image et aux multiples clins d'œil, happée par d'autres occupations, mes neurones paressaient. C'est au milieu de la nuit que m'est apparue l'évidence de la relier à un poème de Sully Prudhomme, Le long du quai, qu'en 2019 j'étais encore capable de retranscrire par cœur surtout grâce sa mise en musique par Gabriel Fauré,  car j'en chantais à tue-tête la chanson (popularisée à l'époque par Yves Montand**) dans le jardin de mon enfance. Je me suis rendormie sereine et c'est devant mon bol de thé du matin qu'ont jailli les deux premières lignes de ce haïku. Il m'a été plus difficile de trouver les mots et le rythme pour dire en cinq notes.

Fadosi continue: Le long des quais, de Sully Prudhomme, réédition du 24 janvier 2019, après de multiples mises en ligne souvent commentées : 7 septembre 2017 Clic---> ;  25 septembre 2014 Clic---> ; 24 juin 2010 Clic--->


Tout est dit dans ce poème bien mieux que je ne pourrais faire, la mer immense, la houle douce, le chant des berceuses au-dessus des berceaux, les chimères de l'inconnu ...
Tout est dit ou presque quand on va jusqu'à interdire la musique et museler la voix des femmes ...

J'aurais pu aussi bien citer Fadosi continue: Le voyage, de Charles Baudelaire, I , dont je ne saurais pas dire de tête un seul vers, mais qui touche du doigt sans en trouver le mot et l'écrivant, la sérénité paradoxale que dégage l'image 42

« Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, cœurs légers, semblables aux ballons,
[...]
Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, (...),
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom ! »
Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, 1861, Le voyage I

ou beaucoup plus joyeux et insouciant Fadosi continue: Matin sur le port, de Albert Samain

« Et le vent épicé fait rêver d'aventures
Dans la clarté limpide et fine du matin. »
Albert Samain, Le chariot d'or, 1901


En recherchant sur mon blog les billets où je l'avais déjà mis en ligne  j'y ai trouvé aussi



* Emprunt à la célèbre chanson de Charles Trenet : Charles Trenet "La Mer" | Archive INA
** dont la maison de disques ou les ayant-droits s'approprient induement les "paroles" (vu Paroles Les Berceaux par Yves Montand - Paroles.net (lyrics))

jeudi 23 janvier 2025

Jeudis en poésie : Chanson à grand vent Le pauvre laboureur, Anonyme XVIe siècle

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Vive le vent, vive le vent ...... et Bonne Année Grand Mère !!! Défi 300, telle est l'invitation de Dômi interprétant la proposition de  Lilousoleil pour le défi 300.

Si je privilégie ici une poésie choisie, comme je le fais prioritairement, j'aurais bien aimé aussi sur le thème du vent repartager avec vous ces poèmes écrits pour l'Herbier de poésie, l'un en prose, l'autre en chanson

C'était pour le défi 191 des CROQUEURS DE MOTS où Jill Bill nous invitait pour la quinzaine à "se tuer à la tâche".
Alors j'avais eu envie de rééditer cette chanson à grand vent, il y en avait beaucoup dans les campagnes, de transmission orale le plus souvent mais de temps à autre collectées et transmises jusqu'à nous, comme les chants de marins. 

Le bruit tonitruant des machines dans les ateliers a sans doute empêché les ouvriers de transposer ces traditions bien ancrées dans l'industrie naissante de la "Révolution industrielle".

Chanson à grand vent (1)

Le pauvre laboureur
Il a bien du malheur
Du jour de sa naissance
L'est déjà malheureux.
Qu'il pleuve, tonne, ou vente,
Qu'il fasse mauvais temps,
L'on voit toujours, sans cesse,
Le laboureur aux champs.

Le pauvre laboureur
Il n'est qu'un partisan ;
Il est vêtu de toile
Comme un moulin à vent ;
Il met des arselettes, (2)
C'est l'état d'son métier
Pour empêcher la terre
D'entrer dans ses souliers.

Le pauvre laboureur
A de petits enfants ;
Les envoie à la charrue
A l'âge de quinze ans.
Il a perdu sa femme
A l'âge de trente ans ;
Elle le laisse tout seul
Avecque ses enfants.

Le pauvre laboureur,
Il est toujours content ;
Quand l'est à la charrue,
Il est toujours chantant.
Il n'est ni roi ni prince,
Ni duc, ni seigneur
Qui ne vive de la peine
Du pauvre laboureur.
Anonyme, XVIe siècle  (1)



1 chanson de la Bresse (province de l'est de la France, aux contreforts du Jura). En Bresse, on appelle "chansons à grand vent", celles qui par leur rythme lent et régulier, servent au laboureur à soutenir le travail de ses bœufs.

2 les arselettes sont des guêtres, (Enveloppe de cuir ou d'étoffe qui recouvre le haut de la chaussure et le bas ou l'ensemble de la jambe)

lundi 20 janvier 2025

Derrière le rideau

petit rappel, je suis dans l'impossibilité à cause d'un bug de déposer des commentaires sur les blogs de Blogger. Vous m'en voyez désolée. 
Boud'rie de la benjamine,
sa grand' sœur fort dépitée
cherche à l'amadouer :

- Allons, tu vas y'arriver !
- Na, J'suis pas ton fair'valoir !

Derrière le rideau,
vocation tuée dans l'œuf,
ex futur p'tit rat :

Rébellion d'autorité,
rififi entre frangines.

Les projecteurs suivent
le solo de la ball'rine.
Final, révérence.

Applaudiss'ments du public
ignorant d'un drame intime.
©Jeanne Fadosi, vendredi 17 janvier 2025
pour la page 242 de l'Herbier de poésies
à découvrir avec les autres brins sur la page 242

récréanote d'Adamante

en illustration, la grande ou la petite ou les deux :

jeudi 16 janvier 2025

Jeudis en poésie : Le pot de terre et le pot de fer, de Jean de La Fontaine

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Et toujours l'envie de garder un fil poétique avec ce rendez-vous des CROQUEURS DE MOTS qui est revenu sans ses jeudis  

Puisque le défi 299 aborde sous un angle particulier le sujet de l'amitié, j'ai d'abord pensé pour ce jeudi à l'amitié célèbre entre Montaigne et La Boétie.

«  Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer. »
 
Ce n'est que plus tard que Montaigne rajouta dans la marge :
« Parce que c’était lui »
puis, d'une autre encre
 « parce que c’était moi. »

Mais c'est de la prose et à défaut d'avoir encore le magnifique volume de La Pléiade dont s'est approprié un faux ami il y a si longtemps qu'il y a prescription, j'ai eu sur Internet du mal avec les différentes éditions des essais.

Je me suis alors perdu dans divers poèmes requis sur l'occurrence "amitié" quand je m'interrogeai sur la proposition Le pot de terre...       Jusqu'à ce que j'en saisisse l'évidence, et même une certaine illustration de mon angle d'attaque du défi 299.

LE POT DE TERRE ET LE POT DE FER

Le pot de fer proposa
Au pot de terre un voyage.
Celui-ci s’en excusa,
Disant qu’il ferait que sage
De garder le coin du feu :
Car il lui fallait si peu,
Si peu que la moindre chose
De son débris serait cause :
Il n’en reviendrait morceau.
Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le pot de fer :
Si quelque matière dure
Vous menace d’aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai.
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s’en vont à trois pieds
Clopin clopant comme ils peuvent,
L’un contre l’autre jetés
Au moindre hoquet qu’ils treuvent.
Le pot de terre en souffre ; il n’eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu’il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu’avecque nos égaux ;
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d’un de ces pots.

Jean de La Fontaine, Fables, Livre V
Bernardin-Béchet Libraire-Éditeur, 1874 (p. 154-156).
illustrations J. DESANDRÉ ET W.-H. FREEMAN