Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune

145 en 2010 ; 122 en 2011 ; 148 en 2012 ; 121 en 2013 ; 118 en 2014 ; 122 en 2015, 123 en 2016, encore 123 en 2017, 121 en 2018 ? 101 femmes depuis le 1e janvier 2019 en France (2 septembre 2019) , soit une femme tous les deux jours ! accélération ou meilleure visibilité ?

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

samedi 30 janvier 2016

Témoigner, relayer, accompagner

Le courage de témoigner, 26 ans après ou ici (témoignage d'environ 4 minutes)

Témoigner,
saluons le courage, même longtemps après, quand le temps a tendu son manteau d'oubli et de réparation, même fragiles, même superficiels. Il en faut du courage pour une telle démarche et il en faut du tempérament pour le faire clairement, sans se laisser submerger par les émotions.


Parce que 9 femmes sur 10 agressées sexuellement ne portent pas plainte, et même le taisent, à tout le monde.

Parce que les agressions sexuelles et quant bien même "que" sexistes sont inadmissibles, intolérables, insupportables ... de qui elles viennent.

Parce que les agressions sexuelles sont dans la très grande majorité le fait de l'entourage proche ce qui le rend indicible.

En France par exemple, le viol conjugal n'a été reconnu par la jurisprudence qu'en 1990 dans un arrêt de la Cour de cassation. En 1992 un autre arrêt précisera que « la présomption de consentement des époux aux actes sexuels ne vaut que jusqu’à preuve du contraire ». En 1994, les violences commises par un(e) conjoint(e) ou un(e) concubin(e) sont une circonstance aggravante. Il faut attendre une loi du 4 avril 2006 pour que le viol conjugal soit nommé dans la loi. Ce qui, ne nous leurrons pas, même reconnu, reste très difficile à prouver.

La traînée de poudre des plaintes dans le sillage des agressions de Cologne, je ne minimise pas ce qui a pu se passer d'insupportable pour celles qui ont été agressées. Mais je ne peux m'empêcher de considérer certaines récupérations opportunistes et une amplification démesurée et des dénonciations à des fins racistes. Je pense évidemment à "La rumeur d'Orléans*" vers la fin des années 1960, dont Edgar Morin a fait un essai sociologique rigoureux.

Relayer,
c'est ce que je fais, depuis mon modeste blog,
c'est ce que font souvent trop timidement les medias
Enquête sur les viols à Paris par l'ONDRP relayée par Le Parisien du vendredi 22 janvier 2016
c'est ce que je salue quand des séries le plus souvent policières ou des films abordent le sujet (voir La stagiaire saison1 épisode 5, Pas de vagues)


Accompagner,
Je suppose que c'est difficile, mais indispensable, et pas avec ce sentiment de ne pas être pris au sérieux, ou de subir des rhétoriques psychanalysantes inadéquates, ou, même entendue, d'être victimisée et entretenue dans cet état infantile de victime.

Camille Claudel, Femme accroupie
Camille Claudel, 1864 - 1943, artiste sculptrice, élève et compagne d'Auguste Rodin, sœur de l'écrivain Paul Claudel, internée contre son gré en hôpital psychiatrique en 1913 et morte de malnutrition comme beaucoup de ses co-internés des hôpitaux psychiatriques dépourvus de moyens en 1943.
Réhabilitée un temps grâce au très beau film Camille Claudel  en 1988 et à Isabelle Adjani qui l'a incarné elle est de nouveau caricaturée à son rôle de femme fantasque et excessive et son internement abusif minimisé par le prestige de Rodin et de Paul Claudel.


* à cette époque, l'abominable curée contre d'honorables commerçants qui avaient le "tort" d'être juifs était rumeur tellement écœurante, que le phénomène a du coup occulté un autre phénomène, réel celui-là qui était qui est toujours la traite des jeunes femmes vulnérables en vue de leur prostitution après une phase de conditionnement par des méthodes d'annihilation de leurs résistances dont certaines ont tout à voir avec la torture et la réduction à l'esclavage.

5 commentaires:

  1. Je suis de ton avis sur les agressions de Cologne qui ont été récupérées pour servir la cause des opposants allemands à l'accueil des réfugiés. Je ne dirais pas qu'il y a rumeur mais même s'il y avait parmi les réfugiés un violeur, ce n'est pas la peine de jeter l'anathème sur tous les réfugiés. Hélas il y a plus qu'on peut le penser d'hommes de toutes origines coupable de violence envers leurs épouses et souvent cela s'accompagne parfois aussi de violences et viols envers leurs enfants. Bon week-end Jeanne

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  2. Que dire Jeanne, migrant ou pas un viol reste un acte barbare et on imagine la femme qui a subit cet acte... elle est mal très mal !! Merci, jill

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  3. Oui, aussi difficile que ce soit, témoigner, porter plainte, dénoncer dans tous les cas.
    Au nom de la vérité, de l'intégrité, pour sauver sa peau et celle des autres.
    Merci pour ton article, Jeanne.
    eMmA

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  4. Tu as bien raison de parler de ce sujet qui reste encore trop caché et occulté par les médias.Je dis toujours, que si les gens mettaient autant d'ardeur à défendre la condition des femmes(coups, viols, pas de droits) , qu'ils en mettent à défendre l'anti-racisme, je pense que les choses auraient bien avancé .
    Quand il s'agit des femmes, ils minimisent toujours et les mentalités sont trop longues à changer .

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  5. Témoigner est difficile mais indispensable si l'on veut que ça change.

    Merci de le faire, Jeanne.

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