Chaque jour je n'oublie pas Anne-Sophie et ses compagnes d'infortune de 145 en 2010 à 94 ou 103 ou 134 selon les sources en 2023

(clic sur le lien pour comprendre ... un peu)

dimanche 11 janvier 2015

"La fin de l'histoire"

Brouillon interrompu par le téléphone samedi soir vers huit heure moins le quart
Je voulais juste partager avec vous ce que Bernard Maris, avec un sens aigu de la dérision autant que de la pensée fouillée et réfléchie

"La fin de l'histoire"
(avec un h minuscule, note personnelle)

Albert Camus, qui ne dédaignait aucun jour de la vie et ne méprisait aucune de ses souffrances, fit remarquer (après tant d'autres) que nous ne vivons pas pour ce jour, mais pour demain : demain quand je serai libre, riche, grand, guéri, de retour, etc. Or demain, c'est la mort. Le mur final contre lequel se brisera notre misérable petit tas de secrets. Un raisonnement backward induction (en note de bas de page "rétroactif" : raisonnement très utilisé en théorie des jeux) dont le point de départ serait le moment fatal, devrait nous conduire à reconnaître l'absurdité du moment présent et nous en libérer, à la manière des Cyniques ("Que risques-tu ? Mourir ? Alors tu ne risques rien") ou, tout au contraire, nous inciter à vivre intensément le moment présent, comme s'il devait se répéter une infinité de fois. C'est l'image opposée du Cynique : le fou de vie, le romantique nietzschéen. L'existence de la mort ne résout absolument rien : toute attitude est justifiable par la conscience de la mort, y compris celle du contemplatif ou du styliste, qui est de ne pas bouger en l'attendant. "A quoi te sert-il d'apprendre cet air de musique avant de mourir ?" Socrate, peu avant de boire la ciguë, répond "A l'apprendre avant de mourir" ...

Bernard Maris, Antimanuel d'économie, 2 Les cigales, éditions Bréal 2008,
INTRODUCTION (sous-titre L'espérance de vie), p 26-27

      Ce soir de dimanche, après ce rassemblement de Paris inédit, je me pénètre des mots de ce texte dont le sens m'apparaît, au regard des événements de cette semaine, multiple et de plus en plus. 
Aujourd'hui, je me demande qui a vécu intensément le moment présent et qui s'est projeté dans les jours d'avant ou dans les jours et les mois d'après.
Aujourd'hui, je me demande quelle ont été les dernières pensées de Maris et ses collèges et amis juste avant "le moment fatal" ? S'ils ont seulement eu conscience de ce qui arrivait.
Aujourd'hui, je me demande comment et si l'on peut seulement inscrire de tels actes terroristes dans cette réflexion sur la vie la mort le temps. En ce qui concerne les tueurs.
Aujourd'hui, je veux seulement m'émerveiller de cette formidable force de vie qui a animé tant de monde.

Illustration pour le mythe de Sisyphe

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